Le laboratoire - Episode 4



            Cyrille regagna son bungalow, perplexe. A quel animal pouvait bien appartenir cette nageoire ? Elle ne ressemblait pas à celle lisse d’un dauphin, mais présentait des nervures… Comme celle d’un énorme poisson…
Sa spécialité n’étant pas les cétacés, il avait de sérieuses lacunes quand à leur anatomie. Peut-être était-ce la fameuse espèce que Frédéric était venu étudier ici ?
Quoiqu’il en soit, la fatigue se faisant sentir, le scientifique s’écroula sur son lit et tomba quasi immédiatement dans un profond sommeil.


            Le lendemain, après le petit déjeuner, les scientifiques prirent chacun possession du laboratoire qui lui avait été attribué.
Cyrille posa la besace, qui contenait son ordinateur portable, sur le bureau. Dehors, il faisait déjà chaud, mais ici régnait une agréable fraîcheur due à la climatisation.
Il brancha le PC sur le câble le reliant à Internet et eut la satisfaction de voir que, malgré l’isolement de l’île, la connexion était fluide. Toutefois, elle était un peu lente… Il dût patienter pour se connecter sur le serveur de son université.
Pendant que la page chargeait, il se surprit à griffonner sur le coin d’une feuille. Le petit dessin représentait la queue qu’il avait vue la veille au soir dans le bassin près de son bungalow.
Dès qu’il fut connecté au serveur de la faculté de sciences, au lieu d’interroger sa messagerie, il alla consulter les archives concernant l’anatomie des cétacés. Il fit défiler les pages où les queues des mammifères marins du monde entier étaient répertoriées. Aucune des photos qu’il regardait ne correspondait à ce qu’il avait vu cette nuit.
Songeur, il ferma le programme et essaya de se concentrer sur son propre travail. Mais la matinée passa sans que l’image de cet étrange appendice ne quitte son esprit.

            A l’heure du déjeuner, il fit un crochet par le laboratoire de Frédéric pour lui montrer le petit croquis qu’il avait fait.
-        Tu te fous de moi ? répondit le scientifique d’un air agacé.
-        Euh…non. Pourquoi ?
-        Parce que ce que tu as dessiné là n’existe pas. Ou du moins pas de la taille que tu me décris : une queue de poisson qui aurait la taille de celle d’un dauphin et qui bougerait de haut en bas. Ou alors tu as vu une sirène, ironisa le jeune homme.
Cyrille était pourtant certain de ce qu’il avait vu. Mais l’assurance de son confrère le faisait douter : peut-être avait-il tout imaginé ? Il faisait nuit, il était fatigué…
-         J’ai sans doute rêvé…
-        Ouais, c’est ça…
-        Euh… tu viens déjeuner.
Le spécialiste en cétacés hocha la tête et se leva.
Ensemble, ils retrouvèrent Emma et Laurent dans le couloir et prirent la direction du réfectoire.

            En fin d’après-midi, dans la petite navette électrique qui ramenait les scientifiques à leurs bungalows, Cyrille décida d’aller vérifier ce qu’il avait vu la veille au soir.
Il faisait une chaleur écrasante mais il ne voulait pas remettre cette petite expédition.
Il se changea rapidement et, mu par une intuition, attrapa son appareil photo.
Il retrouva sans trop de mal le bassin au milieu de la végétation, mais il n’entendit aucun bruit semblable à celui qui l’avait attiré la veille.
Il resta caché pendant plus d’une demi-heure à attendre que quelque chose se passe, sans résultat, avant de renoncer. Il avait parcouru une vingtaine de mètres quand il entendit le bruit d’une grande éclaboussure. Il se retourna et aperçut la même queue de poisson que la veille. Il n’avait donc pas rêvé !
Il courut se poster au meilleur endroit pour prendre une photo et attendit que la chose apparaisse à nouveau. Il n’y avait plus aucun bruit. Déçu, il était sur le point de partir quand il jeta un dernier coup d’œil à toute la surface du bassin à travers l’objectif de son appareil photo, zoomant sur les parties les plus éloignés. Il termina par l’endroit le plus proche de lui et eut la peur de sa vie.

Sur l’écran LCD, était apparu un visage grave. Une jeune femme aux cheveux verts le regardait. 


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