Le laboratoire - Episode 3



        Le soir, au dîner, Cyrille retrouva ses confrères. Le professeur Edeline encouragea chacun à présenter ses projets. Les différents convives avaient fait connaissance pendant les deux jours qu’avaient durée la traversée, mais ils n’étaient pas entrés dans les détails. Le professeur donna l’exemple en commençant par lui-même :
-           Mes chers amis, vous me connaissez tous. Certains mieux que d’autres, ajouta-t-il avec un clin d’œil à l’attention d’Emma que Cyrille ne sut interpréter. Depuis toujours, je rêvais de créer un grand laboratoire où des scientifiques du monde entier pourraient venir travailler et étudier nos océans. L’endroit que je vous donne à découvrir n’est que le premier maillon de la chaîne. Vous êtes les pionniers de mon projet ! Et qui de mieux que la fille de mon frère pour m’assister dans mon entreprise ?
Ainsi, la jolie blonde était la nièce du professeur…
Elle s’éclaircit la gorge pour prendre la parole. Son regard gris parcourut la pièce et s’attarda sur chacun des hommes attablés. Sa position de seule représentante du genre féminin ne semblait pas la perturber. 
-           Comme vous le savez, je suis biologiste marine, commença-t-elle d’une voix claire. Pendant mon séjour ici, j’effectuerai plusieurs plongées afin de faire des prélèvements. Je dois collecter des données pour savoir quel est l’impact des échanges maritimes entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Afrique. Mon but est de mettre en lumière les différentes sources de pollution de l’écosystème. A ce titre, je partagerai certaines de mes découvertes avec Frédéric, qui pourrait être concerné.
-           Oui, c’est sûr… Pour ma part, je viens étudier les stenos bredanensis. Pour les néophytes, il s’agit d’une espèce de dauphin… Ils ont été observés ici en 2010 et ce  pour la première fois depuis 1995, expliqua le jeune savant sur un ton d’enseignant. Je ferais moi aussi des plongées pour partir à la rencontre de cette espèce.
-           Mon travail pourrait se faire en collaboration avec Emma, si elle est d’accord, intervint Cyrille. Le professeur a accepté que je vienne sur l’île pour étudier une espèce de plancton océanique encore inconnue, qui appartiendrait au Styliplancton. Elle n’a pas encore de nom… mais j’aimerais bien qu’elle porte le mien…
Cette remarque fit rire les autres scientifiques. Quel savant n’avait pas espéré voir son patronyme sur une invention ?
-           Eh bien moi, je n’ai pas envie que ma découverte porte mon nom. Elle en a un qui lui va plutôt bien. Mais mon rêve serait tout simplement d’avoir la confirmation de son existence. Et ce de mon vivant… crut bon de rajouter l’archéologue avec un sourire enfantin. Bref, je viens ici à la recherche de l’Atlantide… ou plus simplement de traces de civilisation antérieure à celle que nous connaissons.  
Cyrille avait su tout de suite que c’était avec Laurent qu’il s’entendrait le mieux. Malgré son allure bohème et nonchalante, c’était un joyeux luron. Et même si son projet était un peu fou, il avait envie d’y croire aussi.
Il aimait bien aussi Frédéric, mais sa manière de jouer les professeurs à tout propos le refroidissait un peu… Quant à Emma, il ne savait pas quoi penser d’elle. Elle avait tout de suite mis une distance entre elle-même et ses confrères.

            A la fin du repas, chacun regagna ses quartiers. Cyrille ayant le bungalow le plus éloigné de la maison commune, il finit le chemin seul. La température était encore très agréable et la lueur de la Lune éclairait ses pas.
Alors qu’il approchait de son logement, il entendit un clapotement, tout près. Y avait-il une piscine extérieure à proximité ? Il décida d’aller jeter un œil. S’il pouvait aller faire quelques longueurs avant de se rendre au laboratoire demain matin, ce serait bien agréable.
Dans la pénombre, il découvrit un bassin circulaire, caché au milieu des fougères et des genévriers. Son rebord ne dépassait pas les vingt centimètres de haut mais un grillage de plus de trois mètres était dressé tout autour.
Le bruit se reproduisit. Cyrille tourna la tête dans sa direction et eut juste le temps d’apercevoir une nageoire caudale dressée hors de l’eau. Le temps qu’il cligne des yeux, elle avait disparu.


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